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Remarqué mais pas remarquable

Connaissez-vous Luis Carlos de Noronha Cabral de Camara ? Probablement pas. En 2007, il a fait la une de la presse internationale pour son testament des plus… inhabituels.

Une vie entourée de mystère

Sa vie est entourée de mystère. Selon des sources non confirmées, Luis Carlos était apparenté à la famille royale portugaise. Fils illégitime d’une aristocrate portugaise et d’un père inconnu, il a été élevé par une nourrice et n’aurait jamais connu l’amour maternel. C’est, selon la légende, ce qui aura marqué sa vie : Luis Carlos vivait reclus et n’avait guère besoin d’amis.

Financièrement, il était bien loti. Il avait hérité de sa grand-mère une fortune considérable : un luxueux appartement au cœur de Lisbonne, un manoir au nord du Portugal et des comptes bancaires bien garnis.

Avoir bu la tasse

Il aimait les motos coûteuses et… les alcools forts, addiction qui lui serait un jour fatale. Mais il n’en était pas encore à cette extrémité lorsqu’âgé de 29 ans à peine, il décida de rédiger un testament. Pour quelle raison ? Il n’avait pas d’héritiers et ne voulait pas que son héritage revienne à l’État.

Lorsqu’on veut décider soi-même du sort de sa succession, il est indispensable de rédiger un testament.

Qu’a donc fait Luis Cabron ?

Il a chargé le notaire de choisir au hasard 70 personnes dans l’annuaire téléphonique de Lisbonne – nous sommes en 1988, époque où l’on disposait encore d’annuaires téléphoniques très épais. Les 70 quidams ont tous été ajoutés comme héritiers dans son testament, à leur insu.

Après maintes dépressions et encore plus de verres avalés, Luis Carlos de Noronha Cabral de Camara décède en 2007, à l’âge de 48 ans à peine, soit 19 ans après la rédaction de son testament. Peu après sa mort, 70 personnes recevront dans leur boîte un courrier du notaire les informant qu’ils héritaient d’un homme dont ils n’avaient jamais entendu parler auparavant. Consternation générale. C’est ainsi qu’il fera la une des journaux internationaux.

Hérédité aléatoire, est-ce possible en Belgique ?

Si vous poursuivez le même objectif en Belgique – refus de léguer votre héritage à votre mère patrie – ne faites pas comme Luis Cabron. Ne léguez pas votre succession à des inconnus. Le tarif des droits de succession pour les personnes non parentes se monte à 55% en Flandre et même à 80% en Wallonie. En Belgique, jouer les bienfaiteurs sauvages à la Luis Cabron n’aurait d’autre effet que d’enrichir l’État.

0 % de droits de succession pour les bonnes causes

Mais alors, que faire ? La réponse est simple : désigner une bonne cause comme bénéficiaire de votre héritage. En Flandre, les bonnes causes paient 0% de droits de succession. Vous avez bien lu : zéro pourcent.

Si vous léguez l’intégralité de votre succession à une bonne cause en Flandre – ce qui est possible si vous n’avez pas d’héritiers réservataires –, l’État ne perçoit rien du tout (si vous en avez, vous pouvez disposer librement de 50% de votre succession). À Bruxelles et en Wallonie, les droits de succession sont fixés à 7% pour les bonnes causes, ce qui reste un taux favorable.

Cabron pointe le gouvernement du doigt

Une réflexion pour terminer : le testament de Luis Cabron fit l’effet d’un doigt spectaculaire pointé vers l’État, mais sans plus. Dommage. Il aurait tout aussi bien pu tirer parti positivement de son héritage, par exemple en le léguant à des bonnes causes. S’il avait fait ce choix du haut de ses 29 ans en rédigeant son testament, sa vie n’aurait-elle pas été autrement plus différente, plus belle et plus riche ?